Au volant de ma valse Je tourne sans arrêt Depuis longtemps déjà Sans pouvoir me garer Les parkings sont complets Il n'y a pas de place Dans ce monde encombré Pour garer une valse Partout les préposés Sont sur le pied de guerre Si je veux respirer On me jette en fourrière Tout le monde se fout Complètement de mon cas Dans ce monde rempli De bruit et de fracas Au volant de ma valse Je tourne comme un fou Pour me faire une place Pour me trouver un trou Mais tout est occupé Dans ce foutu machin Où que j'aille il y a Quelque chose ou quelqu'un Il y a ceux qui sont là Depuis la nuit des temps Ceux qui viennent d'arriver Ceux qui suivent le mouvement Il y a des petits, Des gros, des grands, des vieux Des femelles et des mâles Et des gens du milieu Y a des gens importants Des gens sans intérêt Et puis des impotents Et puis des empotés Les tireurs de sonnettes Les joueurs de sonates Les pêcheurs de crevettes Les prêcheurs en cravate Il y a ceux qui sont pour Il y a ceux qui sont contre Ceux qui n'auront jamais La même heure à leur montre Il y a des zéros Ceux qui sont des terreurs Ceux qui jouent à Zorro Ceux qui font des horreurs Il y a la retraite, L'érotisme et la drogue Les fanas du gadget Les amis du hot-dog Il y a les symposiums Les congrès, les colloques Les folles de l'harmonium Les éleveurs de biscottes Il y a la société Et la consommation Et puis la satiété Et la consumation Il y a la nature Qu'on met à la raison Et puis y a la culture Qu'on a mise en maison Au volant de ma valse Je m'éteins doucement Sous l'œil réprobateur D'un monde indifférent Je sais que j'ai eu tort C'est contraire aux usages J'ai fait un truc idiot Qui n'est plus de notre âge Mais quoi ? Elle était là Cette valse oubliée Je suis monté dedans Et puis j'ai démarré C'était beau, j'étais bien Ça tournait comme un rêve J'ai eu tort, j'en conviens Mais faut-il que j'en crève ? Au volant de ma valse Au volant