Vous êtes, chère grande artiste La plus charmante des amis Et l'hôtesse la plus exquise Que n'ait jamais connue Paris Chez vous c'est toujours table ouverte On y côtoie le monde entier Des diplomates et des poètes Mais les mondanités passées Libérée de ton enveloppe Tu deviens dans l'intimité La plus formidable salope Qu'une mère n'ait enfantée Je sais que vous, je sais que tu Vous que j'admire Toi qui m'attires Je sais que vous, je sais que tu Es respectable, mais sans vertu Nul ne sait que l'on est complices Nos rapports semblent anodins Jamais vos yeux ne vous trahissent S'ils croisent un instant les miens À l' heure où votre époux en scène Joue du Musset subventionné Vous venez jusqu'à mon septième Ciel et enfer de nos pêchés Et sur mon lit, nue et offerte Délaissant tes airs de statue Tu te révèles plus experte Qu'une sirène de la rue Je sais que vous, je sais que tu Vous que j'admire Toi qui m'attires Je sais que vous, je sais que tu Es respectable, mais sans vertu Sur vos coussins de velours tendre Sous l'or qui orne vos salons Vos amis viennent vous entendre Prêcher pour la révolution Le cou chargé de pierres fines Payées par l'or de vos contrats Vous jouez de façon divine Le rôle de Passionaria Prête à tout brûler sur la terre Mais la nuit, quand tu viens me voir C'est toi qu'as le feu aux artères Aux artères et puis autre part Je sais que vous, je sais que tu Vous que j'admire Toi qui m'attires Je sais que vous, je sais que tu Es respectable, mais sans vertu Le verre en cristal de Bohème Donne au vin rouge un autre goût Quant au caviar, c'est sans problème Puisqu'il vient tout droit de Bakou Vous savez de façon subtile Manger à tous les râteliers Faut des appuis, c'est très utile Et des amis de tous côtés Vous de gauche, allons ça m' épate Quand j'ai le sentiment, ma chère Que tu n'es pas si maladroite Quand tu veux t'envoyer en l' air Je sais que vous, je sais que tu Vous que j'admire Toi qui m'attires Je sais que vous, je sais que tu Es respectable, mais sans vertu