Cette belle insouciance de l'enfance Qui plus tard laisse place à la sagesse Je l'ai pas connu. Je suis noire et née en France Et maintenue en position de faiblesse Et aujourd'hui encore un rien me blesse Et pourtant j'ai tout fait pour que passent mes traumatismes Mais c'est dur il faut que je le reconnaisse Et y a peu de chances que ça se tasse avec la vieillesse Pourquoi suis-je si radicale ? Me méfie des mains tendues trop amicales N'ai aucune tendresse pour mes tours verticales Ni la bonne humeur de mon île tropicale Tout ce que j'énumère, n'a aucun humour, est noir et amère Froid et sans amour, fade et sans saveurs et a dans son sommaire Un lexique et une grammaire pour cracher sur leurs mères Pourquoi suis-je si marginale ? Épouse la cause du faible de façon machinale Ne vois que du complot dans les lignes du journal N'arrive à dormir que dans un bruit infernal Puisque j'ai les nerfs, l'impression qu'on m'ignore Et que de toutes manières on en veut à ma crinière C'est sans aucune lumière que je sort de ma tanière Avec un poignard imprimé sur la bannière Pourquoi suis-je si peu sociable ? Aussi sensible, pénible, irresponsable Et me sent seule quand mes semblables me prennent pour cible Pourquoi être stable dans ma tête est impossible ? Parce que j'ai vu venir de loin mon calvaire Braquer mon avenir avec un revolver Je préfère vous prévenir j'ai de la colère dans le regard Quand je marche sur vos boulevards Cette belle insouciance de l'enfance Qui plus tard laisse place à la sagesse Je l'ai pas connu. Je suis noire et née en France Et maintenue en position de faiblesse Et aujourd'hui encore un rien me blesse Et pourtant j'ai tout fait pour que passent mes traumatismes Mais c'est dur il faut que je le reconnaisse Et y a peu de chances que ça se tasse avec la vieillesse Cette belle insouciance de l'enfance Moi elle me ramène à ma province A Rouen jolie petite ville de France Où quand le nègre passe, Y a des dents qui grincent Je vous en prie, s'il vous plait, tuez les tous Vous ma très sainte Marie pleine de grâce J'ai sorti les ciseaux de ma trousse avec la frousse Ai l'intention de leur faire mal à la sortie de classe Je rumine, je ressasse, sans cesse, je repense Au seau d'eau dans ma face qui a tué ma petite enfance Et ces baffes de la dame de service. J'ai fait payé son fils Et à la finale c'est moi qu'ils punissent Et dans ma jeunesse je leur ai filé la jaunisse Au collège, ils me connaissent, se plaignent et ils gémissent La proviseur est une conasse qui me vire et me menace D'appeler la police pour ma sale tignasse Et les profs me provoquent, chaque jour me convoquent Et me disent qu'on me scolarise pour les allocs Donc je réplique moi l'enfant de la république Et on me rétorque que tout ce que je mérite c'est des claques Donc j'attaque, affrontements physiques et mise à sacs Ma tête est comme saturée et à bloc. Tout ça n'a pas de sens, mais tout ça laisse des traces Et je ne dis rien à ma mère le soir quand elle m'embrasse Cette belle insouciance de l'enfance Qui plus tard laisse place à la sagesse Je l'ai pas connu. Je suis noire et née en France Et maintenue en position de faiblesse Et aujourd'hui encore un rien me blesse Et pourtant j'ai tout fait pour que passent mes traumatismes Mais c'est dur il faut que je le reconnaisse Et y a peu de chances que ça se tasse avec la vieillesse Y a peu de chances que ça se tasse avec la vieillesse il suffit de peu de choses pour construire un enragé il suffit de peu de choses pour construire un engagé quelques humiliations, quelques injures suffisent