À Brest la nuit

歌詞

paroles : Jean-Paul Ferrec, musique : Patrick Audouin La nostalgie n'est pas mon fort mais il faut que je vous raconte comment, dans notre bon vieux port, J'ai bien failli mourir de honte, car quand on a des invités on essaie de bien faire les choses : apéros, convivialité, la tournée des grands ducs s'impose ! On a commencé notre soirée par quelques ricards bien tassés. On inaugurait, faut le dire, un nouveau flacon anisé. Petits fours, quelques cravatés, nouvelles connaissances, bonne ambiance, on levait l'coude avec aisance dans le cadre d'un salon feutré. Les p'tits fours ça va un moment mais l'naturel revient en courant. Sur les coups de vingt trois heures trente l'un d'nous dit : « Faut qu'on se sustente » et tout d'un coup dans l'assemblée les estomacs s'sont réveillés. On va demander au taulier où on peut aller s' restaurer. Mes pauv's amis, n'y pensez pas, vous l'avez tous dans le baba. Y'a plus un restaurant de nuit, paraît que c' était source d'ennui. Les flics, la castagne et la crise, tous les mecs ont fait leurs valises. Y'a bien un kebab rue Jean Jau' , mais j'crois qu'on n'y boit que de l'eau. Faut mett' du solide dans l' liquide, on a un chauffeur pas bourré, en route, en route mon gars, fais vite, imagine si c'était fermé ! Eurêka ! Il était ouvert , y'a même eu du vin dans nos verres. C'était pas un grand cru bien sûr, mais on avait d'jà la biture. On l'a échappé belle ma foi, pour un peu on perdait du poids. Heureusement que le turc du coin pourrait combler notre petite faim. Quelle tristesse à Recouvrance, à Saint Marc et au port de co', la nuit plane une drôle d'ambiance maint'nant qu'il n'y a plus de bistrots C'taient pas des gastros étoilés « Chez Magro », « Pépé » ou « Mémé », « Chez Bachir » ou au « Saigon » mais on n'empoisonnait pas l'client. Un peu tout l'monde v'nait y manger au moins une fois dans l'année, les familles en début d'soirée, les noceurs après le ciné. On nous parle de sécurité, quoi d' mieux pour être protégés que de sortir dans un quartier où y'a du monde à circuler. Plus y'a d'peuple, moins y'a d'agressions, y'a pas besoin d'avoir les j'tons. Le voyou cherche la discrétion quand il veut taxer le passant Une ville qui n'a plus d'quartier d'nuit est une ville qui se meurt d'ennui.