Après le premier café et puis les deux biscottes Elles mettent sur leurs joues de la poudre de riz Referment derrière elles toujours si mal leur porte Qu'on les vole sans bruit entre onze heures et midi Elles portent un cabas, leur épaule se penche Sur quelques pommes rouges d'une fin de saison Une boîte pour le chat et du jambon en tranches Un journal de couture où il y a un patron Amélie, Rosalie, Noémie, Jeanne-Marie Hortense, Blanche, Clémence et Charlotte Et les autres... L'épicier a changé ainsi que le libraire Ce qu'était leur quartier les quitte peu à peu En tirant sur la rampe elles ouvrent d'une prière Une enveloppe noire sur un lointain neveu Amélie, Rosalie, Noémie, Jeanne-Marie Hortense, Blanche, Clémence et Charlotte Et les autres.... Alors celles de Paris envient celles de Bretagne Ou celles de Belle-Île ou celles du Midi Qui vont voir les bateaux à six heures quand ils rentrent Elles, on les trouve belles, on les photographie Celles-là ont un jardin derrière leur maison basse Leurs enfants de la ville reviennent chaque été Elles font la cuisine, leur laissent toute la place Mais une fois par an on les appelle "Mémé" Il en faudrait si peu pour qu'encore elles chantent Une chanson de Georgius qui fait rire leurs yeux Attendent des visites, jamais chez elle on n'entre Alors restent au buffet les biscuits, le mousseux On les découvre trop tard au bout d'une semaine Leurs voisins s'en inquiètent quand l'auto est garée Elles se sont endormies, elles n'avaient plus de peine Même la peine c'est la vie, alors pourquoi rester ? Amélie, Rosalie, Noémie, Jeanne-Marie Suzanne, Marie-Anne, Marie-Jeanne et Charlotte Et les autres.... Honorine, Clémentine, Victorine, Valentine, Cécile, Lucile, Odile Mathilde, Clotilde, Lysandre, Cassandre, Odette, Jeannette Nanette et Charlotte Amélie, Rosalie, Noémie, Jeanne-Marie Hortense, Blanche, Clémence et Charlotte Et toutes les autres.....